Le bureau « Hub & Club » modèle d’avenir pour une mobilité moins subie ?

par | 9 juin 2021 | JLL, Pour aller plus loin

Par Flore Pradère, Directrice Recherche & Prospective Bureaux chez JLL
Flore.pradere@eu.jll.com

Avec la réouverture de leurs bureaux à un nombre croissant de salariés, les entreprises vont devoir plus que jamais apporter de nouvelles garanties en matière de sécurité au travail. Depuis de nombreux mois déjà, elles ont dû veiller à ce que leurs protocoles d’hygiène et leurs mesures de distanciation physique répondent aux nouvelles exigences sanitaires dictées par la pandémie.

Mais, au-delà des appréhensions liées au travail sur site, les salariés ont partagé leurs inquiétudes, au fil des confinements et des déconfinements, quant à leurs trajets quotidiens. La perspective de s’entasser dans les espaces confinés des transports en commun a mis leurs nerfs à rude épreuve. A travers le monde, plus d’un tiers des personnes qui prenaient auparavant les transports en commun pour se rendre au travail chercheront d’autres modes de déplacement dans les semaines et les mois qui suivront la pandémie, selon la dernière enquête JLL sur les bureaux post-covid.

La démocratisation du télétravail imposée par la crise sanitaire a conduit les travailleurs à questionner leurs pratiques de mobilité. Près de la moitié des personnes interrogées déclarent qu’elles voient dans le télétravail l’opportunité de repenser leurs trajets quotidiens. La réduction du temps, du coût et de l’impact environnemental associé aux déplacements quotidiens a été l’un des revers positifs de la pandémie. 

« Face à ces nouvelles attentes des salariés, de plus en plus d’entreprises s’interrogent sur leur stratégie de localisation et envisagent des scénarios de rééquilibrage géographique »

Alors que les entreprises échafaudent leurs stratégies de réouverture de leurs bureaux, une question plus large se pose : comment leurs collaborateurs pourront-ils se rendre en toute sécurité sur leur lieu de travail, tant que l’immunité collective n’est pas atteinte et que de nouveaux variants se profilent à l’horizon ?

Si les modes de transports individuels (voiture ou deux-roues) continuent d’être privilégiés par un grand nombre de personnes pour se rendre au bureau, alors que les employeurs appellent de leurs vœux un franc retour de leurs équipes sur site, de nouvelles problématiques de congestion des axes routiers pourraient rapidement se poser.

Face à ces nouveaux questionnements et à l’envie générale de moins – ou mieux – se déplacer, de plus en plus d’entreprises questionnent aujourd’hui leur implantation pour envisager une empreinte plus distribuée : une empreinte immobilière répartie sur plusieurs sites qu’elles mettraient en réseau, afin de proposer à leurs salariés une plus grande flexibilité en termes de lieux de travail. Cette flexibilité s’appuierait sur la possibilité de travailler à domicile bien sûr, mais également sur la location d’espaces flexibles tels que des espaces de coworking ou de bureaux satellites plus proches des lieux d’habitation et plus facilement accessibles pour les collaborateurs.

Figure 1 : Représentation de la logique de bureaux « hubs & club », un système de « multi-bureaux » autour d’un centre névralgique mis en réseau avec des bureaux satellites proche des lieux de vie.

En réduisant le temps de déplacement avec un système de «multi-bureaux » mieux répartis sur le territoire, les entreprises pourraient ainsi contribuer à décongestionner les routes et les transports en commun, et favoriser des mobilités douces comme la marche ou le vélo.

Cette logique de bureaux « hubs & club », autour d’un bureau centre névralgique, mis en réseau avec des bureaux satellites plus proche des lieux de vie, est une tendance qui trouve de plus en plus d’écho. Elle pourrait aboutir à des rééquilibrages à l’échelle régionale, mais également nationale : de plus en plus d’entreprises situées dans des tissus urbains denses cartographient actuellement le domicile de leurs employés afin de repenser l’emplacement de leurs bureaux. Certaines vont jusqu’à questionner la centralité parisienne, et envisagent de délocaliser certains pôles d’expertise en régions.

La COVID-19 a certainement démocratisé le travail à domicile, mais ces nouveaux schémas immobiliers pourraient constituer des alternatives prometteuses afin de pallier les difficultés du télétravail et des transhumances quotidiennes, au travers de nouveaux tiers-lieux plus proches des bassins de vie.

À moyen terme, les entreprises pourraient avoir recours plus régulièrement à des espaces flexibles ou de coworking. Cela suppose que les prestataires puissent leur apporter des garanties en matières sanitaires, que ce soit en terme opératoire ou de densité d’occupation.

On peut imaginer que le modèle des grands bureaux centralisés vers lesquels tout le monde converge au quotidien pourrait être remis en question de façon durable. Le risque épidémique lié à la fréquentation des transports en commun fera partie des préoccupations des salariés pendant un certain temps.

L’épidemie de COVID-19 pousse les entreprises à repenser leur stratégie de localisation au profit d’un rééquilibrage géographique. Les grands centres urbains conserveront leur attractivité, mais des modèles plus distribués vont voir le jour. Les entreprises ne pourront plus ignorer les enjeux d’impact environnemental et de qualité de vie qui trouvent de plus en plus d’écho auprès de leurs salariés.